Chapitre 2

14h40. Mon ventre a faim. Je le sens qui se tortille en moi, grondant comme une bête affamée. S'il le pouvait, je suis sûr qu'il me prendrait comme cure-dent, un en-cas à la rigueur. Une fin tragique pour laquelle personne ne me pleurerait. 14h41. À quand remonte la dernière fois que je l'ai nourri ? C'est une très bonne question. Un jour ou deux peut-être. C'est dur à dire. Le temps passe si lentement dans cette boite de conserve.

En parlant d'elle, j'ai bien l'impression qu'il va falloir faire un stop : le moteur tousse depuis déjà quelques kilomètres. Je le sens qui tressaute dans son habitacle de métal, luttant pour rester en vie. Peut-être aurais-je dû lui acheter des médicaments à la dernière station de ravitaillement ? Ou bien elle joue juste la comédie. Bertille aime se rendre intéressante. C'est ennuyant.

Un énorme panneau publicitaire entre dans mon champs de vision. En jaune pétant, il affiche fièrement son nom L'étoile filante. Stupide. Surtout pour une station statique solidement ancré dans le cosmos. C'est peut-être ça qui a fait fuir les clients : le parking est vide. Je me gare. Mon corps trop grand sort de l'habitacle. Les articulations craquent. Elles ont fait leur temps. Dommage que je ne puisse pas les remplacer.

Le silence autour de moi me frappe. Surtout en voyant deux comètes se désagréger devant mes yeux. Mes doigts me titillent. Il suffirait d'une bonbonne d'air pour assister à une explosion. Les flammes qui brûlent les molécules, la fumée âcre qui prend à la gorge, les cris de terreur et les mains qui retombent inanimées sur ma chaussure. 15h06. Un type à casquette me lance un regard bizarre. Je secoue la tête, me débarrasse de son mépris comme un chien s'ébroue.

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