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La Passe-miroir 4 : la Tempête des échos

  • enoxalia
  • 6 avr. 2020
  • 6 min de lecture

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Au moment où j’écris cette review, je viens à peine de refermer ce tome, après un repas bien mérité et quelques tribulations sur le net pour découvrir ces fameux readers mécontents de cette fin. Avant d’entrer le vif du sujet – toujours sans spoil – j’aimerais avant tout remercier l’autrice Christelle Dabos pour cette magnifique série qui m’a réconciliée un tant soit peu avec les séries francophones.

Transmission sans écho


Avant de lire le dernier tome d’une série, j’ai toujours cette appréhension d’être déçue. Déçue non pas par une fin ou un élément discordant, mais par le manque d’homogénéité qui pourrait apparaître entre ce grand final et ces grands frères : ça, serait la pire étiquette que je puisse attribuer à un livre. Je n’ai rien retrouvé de tout ceci dans la Passe-miroir. Certains dénoncent une intrigue trop sombre, trop métaphysique, moi je dénonce ces avis de borgnes.

Sombre ? À quel moment cette série ne l’a pas été ? Dans les coupe-gorge du Pôle peut-être ? Ou bien dans la discrimination silencieuse des sans-pouvoir à Babel ? Répondez-moi : à quel moment ne nous a-t-on pas montré les revers si bien connus de l’humanité ? Dans ce tome 4, pour tout avouer, je n’ai pas été particulièrement sensible au traitement qu’a subi Ophélie. Il ne m’a pas semblé y trouver quelque chose de particulièrement choquant par rapport à tout le développement déjà présenté jusque-là. C’en était même d’ailleurs le pic, l’inévitable. Comme à chaque tome, Ophélie passe à l’étape supérieure.

Les Fiancés de l’Hiver : introduction. Les Disparus du Clairdelune : initiation. La Mémoire de Babel : prise d’« indépendance ». La Tempête des échos : affirmation. Ophélie affirme ses choix plus que jamais ; elle agit. Jamais, dans les intrigues précédentes, je n’ai autant eu l’impression d’avoir affaire à une Ophélie aussi déterminée. Auparavant, elle agissait en fonction de ce qui se passait autour d’elle. Mais, au fur et à mesure que la série avançait, Ophélie s’est revendiquée en tant que personne active. Elle a pris à bras le corps sa mission et cette volonté a naturellement été retranscrite dans ce dernier marathon, cette dernière épreuve.

Métaphysique dîtes-vous ? Certes, je l’admets. J’avoue ma faute de ne pas avoir été perturbée par cet aspect. C’était d’une telle fluidité, presque effrayante, que je n’y avais pas fait particulièrement attention. J’ai soudainement un blanc et, faute d’avoir le troisième volet de la série sous la main – moi avoir prêté bouquin – j’assumerai que cet élément se trouve effectivement dans la Mémoire de Babel : l’introspection. Ce retour sur soi. Ce repliement. Cet aspect, me semble-t-il, m’était déjà familier avant d’entamer ce livre. Qu’est-ce qui nous constitue en tant qu’individu ? La réponse donnée m’a été si évidente, que je ne me suis pas arrêtée dessus. Ce cheminement qu’Ophélie a pris, nous a dévoilé, collait à son personnage. L’impression de rembourrage artificiel, de pseudo-propos philosophiques juste pour faire plus mature, pour sembler plus réfléchi, rien de cela. La réflexion se mêlait, s’entre-mêlait parfaitement avec le cheminement de l’histoire sans pour autant l’alourdir. Ce que je trouve extraordinaire dans une œuvre finale, c’est de pouvoir recommencer la série avec une nouvelle perspective. Pas seulement parce que le déroulement des évènements perdent un peu de leur effet de surprise, mais parce que le monde a pris une nouvelle teinte. Cette dernière révélation doit changer quelque chose chez le reader, lui donner envie de relire, redécouvrir un univers, mais cette fois dans sa totalité. Un art parfaitement maîtrisé dans la Passe-miroir.

Déviation sur les émotions


Évidemment, tout ce qui a été mentionné au-dessus demande contrepartie. On peut reprocher à cette œuvre une trop grande mise en retrait des autres personnages. Avant d’entrer plus en détail, je me permets de préciser mon affect : hormis le couple principal, la tante Roseline, Octavio, Elisabeth, je n’ai pas construit d’empathie particulière avec les autres acteurs de cette histoire (malheureusement, mon lien avec Renard et Gaëlle s’est un peu distendu à cause du temps). Bien, ce point fait, passons à la suite.

Naturellement, il est facile de critiquer la gestion des interactions au cours du développement de l’intrigue, naturellement. Les personnages que l’on a appris à chérir au fil des pages se retrouvent soudainement expulsés par la porte de derrière pour n’être alors rappelés que pour quelques apparitions sporadiques. Certes… J’admets que cela aurait pu être légèrement dérangeant, par rapport à une conception déjà bien ancrée de ce que l’on peut attendre d’un roman – quelque chose d’excitant, de fort émotionnellement, la dernière apothéose de l’action avant de dire au revoir à cet univers. Cependant, je trouve l’agencement actuel parfait. L’introspection demande énormément de recul et la distanciation – physique et émotionnelle – de nos proches fait partie du processus. L’intrigue s’articule alors tout naturellement autour de ce nouvel axe. Il n’était pas question de venir faire de la consolidation sur les liens déjà tissés entre les personnages, il n’était pas question d’en faire, du moins, le principe directeur de ce tome. Il me semble, que pour cela, les tomes précédents étaient largement suffisants. Les amitiés et les amours ont déjà été déclarés auparavant, ce dernier volet ne présente alors que des preuves d’autant plus fortes de ces derniers, même si elles se font discrètes.

Petits couacs


Avouons donc maintenant les vrais-faux points négatifs. Premier, qui m’a semblé un peu étrange en termes d’intérêt, la résurgence d’un personnage un peu oublié par mes soins. Pour une si brève apparition dans le confessionnal, je doute de la totale efficacité dans le récit. Mais après, qui s’en serait chargé ? Une question sans réponse. Deuxième point, la « fin » ou plutôt le final. Je me suis sentie un peu déconnectée avec pour l’aspect quelque peu surréaliste (mais qu’est-ce qui ne l’est pas déjà dans la Passe-miroir ?) de l’antagoniste final. Certes, cela collait très bien à l’ensemble du récit et appuyait les éléments centraux qui faisaient tension tout du long, mais… simplement, ce genre de représentation est pour moi difficile et m’a un peu sortie de la scène. Un peu seulement, je le souligne. Il ne s’agit là que d’appréciations purement personnelles.

L’ending


J’ai jusqu’à présent été très peu fan des fins ouvertes, car il me manquait souvent la scène que j’attendais, celle que je souhaitais le plus voir. La Tempête des échos m’a alors présenté l’ouverture que j’attendais, que j’aimais. Certes, cette scène je l’attendais et me retrouver les mains à moitié vides pourrait être frustrant, mais, avec tout ce j’ai dit avant, ça a été avec naturel que je l’ai accueillie. En termes d’émotions, le plus gros pic que j’ai eu a été dans le tome 3 et celui-là m’a juste soufflée ; je n’attendais pas de son petit frère qu’il vienne m’inspirer la même vague. Je n’ai pas eu besoin de cette scène, car je l’ai déjà eu auparavant. Peut-être même que si elle avait été écrite, j’aurais été plus déçue d’avoir affaire à une copie. Alors non, décidément, je suis satisfaite de cette fin qui me permet de laisser vivre Ophélie, Thorn, Eulalie, et tous les autres un peu plus longtemps. M’épargner la dure tâche de mettre un vrai point final à cette aventure.

Le mot de la fin


En commençant ce tome, je n’avais pas d’attente particulière. Je me suis laissée porter par le flot et j’en suis incroyablement heureuse. Je ne pouvais pas être déçue de quoi que ce soit. Quand j’ai ouvert pour la première fois les Fiancés de l’Hiver, j’ai juste été subjuguée. J’ai rarement, si ce n’est jamais, été autant transportée par une série. La structure a été longuement pensée. Ce que j’ai souvent regretté en lisant différentes œuvres, c’est le manque de préparation : souvent, seul le premier ou les trois premiers tomes avaient la consistance d’un travail réfléchi. Et ces efforts fournis finissaient par se dilater dans les livres suivants, souvent parce que l’histoire de base n’avait pas été pensée pour se dérouler aussi longtemps. Cette incroyable sensation de complétude dans la Passe-miroir est ce qui la rend si spéciale à mes yeux. Je n’ai pas de frustration, pas de regret. Je suis juste heureuse d’avoir pu découvrir cet univers. Et surtout, pouvoir le garder auprès de moi en gagnant en maturité. Cette série est un véritable cadeau qu’il faut chérir, au-delà des barrières du temps.


Que la vie te sourit, que la vie soit rose et à la prochaine !

P.S. Bon, après, juste pour la petite anecdote : j’ai deviné un gros morceau de l’intrigue au chapitre 10. Je n’avais pas tout juste, deux éléments n’étaient pas tout à fait juste. J’ai été frustrée sur le moment, car j’avais l’intuition que c’était ça, que j’avais raison. Cependant, après avoir fini ce tome. Je suis juste fière. Oui, il n’en faut pas beaucoup.

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