Chapitre 3
- enoxalia
- 1 oct. 2019
- 2 min de lecture
Les pièces du moteur sont étalées devant moi. Des cylindres, des tuyaux, un grand désordre que j'aurais grande peine à remonter. Je retourne une pièce dans ma main. Sa surface luit faiblement sous la lumière des étoiles. Par intermittence. Je ne capte qu'une fraction de ses reflets. Quel dommage. Je jette, dépité, le cylindre à terre.
– Besoin d'aide m'sieur ?
Je me retourne. Un gosse. Pas plus haut qu'un arbrisseau. Ses cheveux fous me font un pied de nez.
– Nan, ça va aller.
Mon dos lui fait face. Je me remets à triturer les pièces. Son regard pèse sur moi. Je fais mine de m'intéresser à une pièce biscornue, de la regarder si intensément que ça en deviendrait gênant. Rien à faire. Il reste dans mon dos. Zieute.
– L'univers est grand, tu ne voudrais pas me laisser un peu d'espace, gamin ?
Un silence. Je crois que je l'ai découragé.
– Si l'univers est si grand que ça, il doit y avoir assez d'espace pour deux.
Raté. Il a de la répartie, le gamin. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule. Il mâchouille une gomme à mâcher. Un t-shirt blanc impeccable, un jogging un peu froissé. Il n'a pas mauvaise mine. Rien que des ennuis en somme. Je me retourne, à nouveau résolu à le chasser.
– Si c'est pour de l'argent ou un service louche, je n'ai rien à offrir.
– C'est pas grave, vue que c'est moi qui vous aie proposé mes services.
Culotté.
– J'ai pas besoin d'aide.
Une main sur mon épaule.
– Tout le monde a besoin d'aide, m'sieur.
Je le chasse vivement.
– Ma Bertille ne se laisse pas amadouer aussi facilement.
– Est-ce un oui ?
Je soupire, repose la pièce par terre. Cette discussion commence à m'agacer. Laisse-moi tranquille. Il ne comprend donc pas que j'ai envie d'être seul après que… Je me relève, déplie mon corps décharné de toute sa hauteur.
– Écoute : je n'ai rien à t'offrir et je ne veux pas de ton aide. Va donc gambader un peu plus loin, je… (Je passe, lassé, une main dans mes cheveux coupé ras) Je suis fatigué, je n'ai pas envie de me prendre la tête avec toi.
Il fait la moue. Mais je vois. Je vois la lueur dans son regard : il ne va pas lâcher l'affaire. J'enterre mon visage entre mes mains.
Laisse-moi…
Il est toujours derrière moi.
J'ai envie d'être seul…
Son souffle dans mon dos.
Tu lui ressemble trop.
Je le sens qui s'approche.
Arrête.
Encore un pas.
Arrête j'te dis.
Sa main survole mon épaule.
JE T'AI DIT D'ARRÊTER !



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